Se reconvertir, franchement, ça peut faire peur. On imagine la montagne : tout quitter, retourner à l’école, repartir de zéro… et surtout, la question fatidique : « Comment je vais financer tout ça ? »
J’ai croisé beaucoup de personnes pour qui cette question était un vrai mur. Pourtant, il existe des solutions concrètes, accessibles, parfois insoupçonnées.
Le Projet de Transition Professionnelle (PTP) fait partie de ces dispositifs qui changent la donne, mais, soyons honnêtes, il n’est pas toujours facile à comprendre au premier abord (j’y ai moi-même passé quelques soirées à relire les mêmes paragraphes, mais on s’y fait, promis).
Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon sans langue de bois, inspiré de mon expérience et de celles croisées sur le chemin, pour comprendre – vraiment – comment fonctionne le PTP, comment le solliciter, et, surtout, comment l’utiliser pour se donner une vraie chance de réussir sa reconversion.
1. Pourquoi envisager une reconversion professionnelle ?
La reconversion, ce n’est pas juste changer de job sur un coup de tête. Parfois, c’est une nécessité. Parfois, c’est une envie profonde. Il y a ceux qui n’en peuvent plus de leur routine, ceux qui rêvent d’autre chose mais n’osent pas franchir le pas, et ceux qui, pour des raisons personnelles ou de santé, doivent envisager une toute nouvelle direction. J’ai moi-même accompagné des personnes qui, après 10, 15, 20 ans de carrière, se sont lancées. Et à chaque fois, c’est la même question qui revient : « Est-ce que j’aurai les moyens de tenir pendant ma formation ? »
Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que le PTP peut justement répondre à ce besoin très concret : permettre de financer non seulement sa formation, mais aussi de maintenir son salaire (ou presque) le temps de se former. Je reviendrai sur les subtilités du financement, mais avant, remettons un peu d’ordre dans les idées.
2. Le Projet de Transition Professionnelle (PTP), c’est quoi ?
En France, le PTP a remplacé l’ancien Congé Individuel de Formation (CIF), qui a disparu en 2019. L’idée est assez simple : permettre à tout salarié, sous certaines conditions, de s’absenter de son poste, de suivre une formation certifiante, tout en continuant à percevoir une rémunération. Oui, vous avez bien lu : on peut se former sans se retrouver sans un sou, ni devoir faire des petits boulots le soir pour tenir la route.
Le PTP, ce n’est pas seulement un financement de la formation : c’est aussi un cadre protecteur, avec des démarches précises, une prise en charge qui va bien au-delà des simples frais de cours. Mais attention, il ne suffit pas de claquer la porte un vendredi soir pour se retrouver lundi matin dans une école d’infirmier ou de développeur web. Le dispositif est structuré, exigeant, mais il fonctionne (j’ai accompagné plusieurs personnes qui en sont sorties avec un nouveau métier… et un vrai soulagement au moment du paiement des factures !).
3. Qui peut bénéficier du PTP ? (et qui doit patienter)
Ce serait trop beau si tout le monde pouvait en profiter sur un coup de tête, c’est vrai. Le PTP s’adresse en priorité aux salariés en CDI, mais il est aussi ouvert aux CDD sous certaines conditions. La principale ? Justifier d’un certain temps de travail salarié (24 mois minimum, dont 12 dans l’entreprise actuelle pour les CDI, ou 24 mois – consécutifs ou non – sur les 5 dernières années pour les CDD).
Petit aparté vécu : j’ai connu un salarié qui a dû patienter six mois de plus avant de déposer son dossier, simplement parce qu’il lui manquait quelques semaines d’ancienneté… et qui a failli tout abandonner pour cette raison. Moralité : vérifiez bien votre situation dès le début, cela vous évite des sueurs froides.
- CDI : au moins 24 mois d’ancienneté, dont 12 dans l’entreprise actuelle.
- CDD : 24 mois au total sur les 5 dernières années, demande à déposer pendant le contrat ou dans les 6 mois après la fin.
Si vous êtes en intérim ou en contrat court, d’autres dispositifs existent. N’hésitez pas à demander conseil à un conseiller en évolution professionnelle (ils sont souvent de bons alliés dans la jungle administrative).
4. Quelles formations sont finançables avec le PTP ?
C’est un point clé : le PTP ne finance pas tout et n’importe quoi. Il faut que la formation soit certifiante ou qualifiante, inscrite au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) ou au Répertoire spécifique (RS). Oubliez les formations « loisirs » ou purement personnelles, même si elles sont passionnantes.
- Exemples de formations éligibles : CAP, BTS, licences professionnelles, titres professionnels, formations d’aide-soignant, d’infirmier, développeur web, etc.
- Non éligible : stages non certifiants, formations de loisirs, cours non enregistrés au RNCP.
Un conseil : vérifiez systématiquement l’éligibilité de la formation avant de rêver trop grand (j’ai déjà vu des gens déchanter en réalisant que leur projet de formation en naturopathie n’était pas éligible…).
[Image : Schéma simple du parcours d’un salarié souhaitant se reconvertir via le PTP – étapes clés du choix de la formation à l’éligibilité RNCP]
5. Comment fonctionne le financement du PTP ? (Ce qui est pris en charge… et ce qui ne l’est pas)
C’est LA question qui fait trembler : « Vais-je vraiment toucher un salaire pendant la formation ? » La réponse est oui… mais il y a des nuances. Le PTP prend en charge :
- Les frais pédagogiques (coût de la formation).
- La rémunération du salarié (jusqu’à 100 % si salaire inférieur à 2 SMIC, 90 % au-delà, plafonné).
- Certains frais annexes (déplacement, hébergement, parfois).
Mais attention : il faut monter un dossier solide, prouver que votre projet est cohérent, que la formation visée est sérieuse. Là encore, ça ne se fait pas en un clic – j’ai vu passer des dossiers refusés pour manque de préparation, alors que le projet était excellent sur le fond.
[Image : Tableau récapitulatif des financements possibles – salaire, formation, frais annexes]
6. Monter un dossier PTP : mode d’emploi (et pièges à éviter)
Préparer un dossier PTP, c’est comme préparer un entretien d’embauche : il faut soigner les détails. L’organisme à contacter, c’est Transitions Pro (ancien Fongecif, il faut s’y habituer !). Concrètement, il faut :
- Expliquer votre projet et la cohérence de votre démarche (motivation, parcours, etc.)
- Fournir un devis détaillé de la formation visée
- Prévoir des justificatifs d’ancienneté, de contrat, etc.
- Obtenir l’accord de l’employeur pour l’absence (sauf cas particulier)
Mon conseil : ne bâclez pas la lettre de motivation. Les commissions de validation sont composées de gens qui voient passer des centaines de dossiers par an. Sortez du lot, montrez pourquoi ce projet est réfléchi (j’ai accompagné une amie sur ce point précis, c’est la lettre qui a fait la différence).
[Image : Exemple d’une lettre de motivation efficace pour le dossier PTP, points clés à faire ressortir]
7. Et côté employeur ? Ce qu’il peut – et doit – faire
L’employeur ne peut pas s’opposer au projet (sauf exceptions pour raisons de service, report limité). Mais il doit être informé dans des délais précis (60 jours avant le début de la formation si elle dure plus de 6 mois, 120 jours si elle dure moins de 6 mois). La relation avec l’employeur joue parfois un rôle : un projet bien expliqué passe mieux qu’une annonce brutale de départ.
Petit retour d’expérience : dans une PME que j’ai suivie, le dialogue a permis de transformer ce qui aurait pu être un conflit en véritable opportunité pour tout le monde (l’ancien salarié est même revenu ensuite en tant que consultant, avec une expertise toute neuve… comme quoi, une reconversion peut aussi profiter à l’entreprise !).
8. Déroulement et suivi de la formation avec le PTP
Une fois le feu vert obtenu, la formation démarre. Vous restez salarié, mais sous statut de « stagiaire de la formation professionnelle ». Vous conservez certains droits, votre ancienneté court toujours, et vous êtes rémunéré selon les conditions du PTP. Il est important de bien suivre chaque étape, de fournir les justificatifs de présence, et de garder un lien régulier avec Transitions Pro.
- L’organisme de formation transmet les attestations de présence
- Le suivi administratif se fait chaque mois
- Vous pouvez bénéficier d’un accompagnement (coaching, tutorat)
Franchement, le premier mois fait souvent peur, surtout si vous avez quitté un poste où tout roulait. Mais on s’adapte vite, et c’est aussi l’occasion de prendre du recul sur soi, de s’ouvrir à d’autres horizons.
9. Après la formation : rebondir, décrocher un job (et garder la tête froide)
Financer une reconversion ne fait pas tout. Le vrai défi commence souvent à la sortie : trouver un poste, convaincre un recruteur, assumer sa nouvelle vie pro. Le PTP peut financer votre mutation, mais il ne vous évite pas l’étape où il faut aller au charbon.
Mon conseil : préparez en parallèle votre retour sur le marché ! Réseau, stages, candidatures, même pendant la formation. J’ai vu trop de personnes attendre la fin du parcours pour commencer leurs recherches – c’est toujours plus difficile après. Et surtout, acceptez de vous tromper, de bifurquer encore. (La vie pro, c’est rarement une ligne droite.)
10. FAQ express – idées reçues et pièges classiques
- On peut partir en formation quand on veut ? Non, il faut respecter le calendrier et les délais de prévenance.
- Le PTP finance-t-il tout ? Non, mais il couvre l’essentiel (formation, salaire, certains frais annexes).
- Et si mon dossier est refusé ? Il y a possibilité de recours, ou d’ajuster le projet avec un conseiller.
- Puis-je démissionner pendant le PTP ? Oui, mais c’est rarement conseillé (renseignez-vous avant !).
Conclusion : La reconversion, un pari… mais pas un saut dans le vide
Se reconvertir avec le PTP, ce n’est pas jouer à la roulette russe. C’est se donner une vraie chance, avec un cadre solide, du financement, et un accompagnement. Ce n’est pas toujours simple, parfois même épuisant (je ne compte plus les témoignages de doutes en cours de route), mais c’est aussi l’une des rares occasions de vraiment changer de vie sans tout sacrifier. Au fond, ce qui compte, c’est moins la formation choisie que le projet personnel qu’on construit, jour après jour, avec lucidité… et une bonne dose d’optimisme.